Commission des Affaires étrangères : Audition de Clément Beaune
L’Union européenne est le premier pourvoyeur d’aide publique au développement au niveau mondial Quelle est votre vision de la modernisation de cette aide ? Comment envisagez-vous par ailleurs la présidence française de l’Union, qui arrive à un moment crucial pour accélérer les objectifs de développement durable ainsi que l’Agenda 2030 des Nations unies, et pour renforcer la coordination entre l’aide publique au développement européenne et les aides bilatérales ?
Clément Beaune
M. Berville, votre question s’inscrit dans un très vaste débat. Le sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, qui devait se tenir en octobre, a été reporté en raison de la crise sanitaire. Il se tiendra sans doute sous la présidence portugaise, qui a commencé le 1er janvier dernier. Plusieurs débats sont en cours. La France organisera un sommet pour un financement plus équitable de l’économie africaine. Nous lui donnerons bien évidemment une dimension européenne. L’architecture européenne des banques de développement est un autre sujet que la présidence française de l’Union pourrait porter. L’une de nos compatriotes est à la tête de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. La Banque européenne d’investissement, qui a augmenté le nombre de ses interventions extérieures, partage bon nombre de priorités avec l’Agence française de développement, notamment pour la préservation du climat. Tout un paysage de financements et développements se profile à l’horizon et mérite d’être amélioré. Ces sujets posent la question de la souveraineté. L’Union européenne est le premier investisseur et le premier partenaire, en Afrique. Notre influence est-elle à la hauteur de cette relation ? Non. D’autres pays, en particulier la Chine, par des actions symboliques, ciblées ou qui créent une relation de dépendance, nous concurrencent. Nous devons reconstruire cette relation, en mutualisant nos efforts plutôt qu’en allant planter chacun notre petit drapeau. Enfin, l’Europe, à la demande de la France et de l’Allemagne, s’est donné la possibilité de réserver, dans ses achats de doses de vaccins, une part qui pourra être donnée à l’Afrique – sachant que la quantité achetée suffira largement à couvrir progressivement les besoins en Europe. Nous l’avons fait par solidarité et humanité, bien sûr, mais aussi dans notre propre intérêt car il serait illusoire de croire que nous pourrions nous en sortir sans que le monde entier ait vaincu la pandémie par la vaccination. La France et l’Europe, en tout cas, soutiennent ces initiatives internationales comme COVAX ou ACT Accelerator. Voilà quelques éléments des relations entre la France et l’Afrique, auxquelles le Président de la République tient particulièrement.