Poser la question du budget, c’est toucher la colonne vertébrale de l’action publique locale. Routes, collèges, crèches, équipements sportifs ou actions de solidarité : tout commence – et se décide – par un chiffrage collectif. Dans les Côtes d’Armor, entre démarches réglementaires, arbitrages politiques et consultation citoyenne, la fabrique du budget local mêle enjeux techniques et choix de société. Qui décide ? Comment arbitrer entre les besoins quotidiens et les investissements d’avenir ? Pour comprendre : place à l’intérieur du « moteur » départemental.
En Côtes d’Armor, la fabrique du budget concerne une mosaïque d’entités publiques, chacune avec ses domaines et son périmètre de décision. Trois échelons sont particulièrement concernés :
L’exécutif (maire, président.e de communauté ou du conseil départemental) pilote la construction budgétaire, mais la décision revient aux assemblées délibérantes élues. Le préfet, représentant de l’État, exerce un contrôle de légalité a posteriori.
Le vote du budget s’inscrit dans des règles précises, qui structurent la vie démocratique locale.
Depuis 2015, la Loi NOTRe a accentué l’importance du débat d’orientation budgétaire, en vue de renforcer la transparence et la participation des élus (source : vie-publique.fr).
Selon la Cour des Comptes, la capacité d’autofinancement des collectivités costarmoricaines reste dans la moyenne nationale, mais fait face à des contraintes croissantes sur les recettes, conséquence notamment de la suppression progressive de la taxe d’habitation (source : Rapport régional des finances publiques locales, 2023).
Le budget d’une collectivité doit être « sincère », « équilibré », et respecter un certain nombre de règles :
L’exécutif local (maire, président) propose, la majorité politique arbitre, l’opposition peut amender ou s’opposer – parfois ligne à ligne, comme lors du vote contestataire de l’augmentation de la fiscalité à Dinan en 2022 (source : Ouest-France, 31 mars 2022).
Le budget n’est pas qu’une affaire d’arithmétique : il incarne les valeurs et les priorités du territoire. Quelques exemples emblématiques récents dans les Côtes d’Armor :
Longtemps vue comme une affaire d’experts, la construction du budget local s’ouvre – lentement – à la participation citoyenne. Exemples inspirants dans les Côtes d’Armor :
Malgré ces avancées, en 2022, seule 1 commune costarmoricaine sur 10 disposait d’un budget participatif formalisé (Observatoire des Finances et de la Participation citoyenne, 2023). Mais la dynamique est lancée : la pression pour plus de transparence et de lien entre choix budgétaires et attentes locales ne cesse de croître.
Le budget local, dans les Côtes d’Armor comme ailleurs, est à la croisée de transformations majeures : raréfaction des recettes, inflation, nécessaires investissements environnementaux, hausse des besoins sociaux, démographie changeante, exigences accrues de la population pour la transparence. Les prochaines années pourraient voir s’accentuer le recours à l’emprunt, une évolution de la fiscalité et, surtout, une implication citoyenne croissante pour demander des comptes et proposer leurs propres priorités.
Comprendre comment l’argent public est discuté, voté et contrôlé localement n’est pas réservé aux initiés. C’est, au contraire, l’affaire de toutes celles et ceux qui veulent peser sur la vie de leur territoire, faire émerger des priorités, ou simplement savoir comment seront utilisées les ressources collectives. Les prochaines campagnes budgétaires en Côtes d’Armor promettent, à ce titre, d’être riches en débats, propositions et innovations démocratiques. L’argent public, décidément, mérite bien qu’on s’y intéresse : il est l’affaire de tous.